Le tribunal californien intime à Uber et à Lyft d’embaucher leurs chauffeurs
Le discours décousu d’Uber et de Lyft n’a pas convaincu le procureur général de Californie qui a remporté cette première bataille judiciaire contre les deux transporteurs. Il leur est exigé d’intégrer sur le champ leurs conducteurs dans l’effectif salarié. Et ce, avant le 21 Aout prochain, conformément à la législation californienne adoptée en début d’année 2020. Lyft s’abrite derrière l’argument fallacieux selon lequel les chauffeurs sont satisfaits de leur statut, et promet de résister à une ingérence de l’Etat californien dans la gestion de ses ressources humaines.

Uber et Lyft convoquées en justice
 
Le procureur californien reproche à ces entités d’essayer de se dérober de certaines cotisations sociales et de limiter le cout de leurs rémunérations, dans la mesure où les chauffeurs ont un statut d’externes. Il se réjouit de l’aboutissement à cette mise en demeure qui a permis de révéler et de battre en brèches les faux arguments des 2 transporteurs américains. Ces derniers soutenaient que leurs chauffeurs préfèrent profiter d’une certaine liberté d’organisation de leur activité professionnelle. Il s’agit pour l’Etat californien d’une forme d’exploitation, parce que si on y regarde de plus près, le lien qui unit les conducteurs et Uber est bel et bien un contrat de travail. En effet il existe un lien de subordination et c’est la condition sine qua none pour requalifier un contrat de prestation en contrat de travail. Pour Ethan Schuman qui a tranché lors du procès, si on laisse perdurer ce genre d’abus, on risque de rendre vulnérables des milieux de travailleurs du secteur, puisque la démarche pourrait être imitée par les concurrents. Argument battu en brèche par Lyft qui soutient que le tiers de ses conducteurs sont satisfaits de la configuration actuelle car plus de 80% d’entre eux cumulent plusieurs emplois ou veulent garder des plages horaires libres (à consacrer à d’autres activités).
Uber y va aussi de sa partition et a exposé en 18 pages son discours de dérobade, en soutenant que cette régularisation des chauffeurs, soutenue par le tribunal pénaliserait au bout du compte les concernés et n’arrangerait pas non plus les clients parce que les usagers résidants dans des Etats ayant ratifié la loi ne pourront plus bénéficier de leurs services et il y aurait une surfacturation des courses pour pouvoir faire face aux nouvelles charges patronales.