Les Hommes




13 Décembre 2013

Le savon de Marseille, toujours copié et jamais égalé vient d’acquérir une Appellation d’Origine Protégée (AOP). Par ailleurs, l’industrie du savon provençal est en décrépitude, cela va-t-il contribuer à lui donner des bulles pour s’élever ?


Ça glisse pour le savon de Marseille
Une industrie en sursis

C’est à Peyruis, à mi-chemin entre le Monastère de Ganagobie et Sisteron que subsiste sans doute la dernière savonnerie artisanale à l’huile d’olive en Provence, celle de la famille Paschetta. N’oublions pas que le savon en Provence est suivi depuis des siècles par une véritable vénération. Le savon de Marseille sert à se laver, naturellement, et décrasse à fond, du linge au corps. Ce n’est pas par hasard si les moines de Ganagobie convoitent tant le produit, ces bénédictins qui travaillent dur et qui prennent soin de leurs pieds (de leur corps) pour œuvrer dans les meilleures conditions.

L’artisanerie a laissé place à l’industrie dans le bassin marseillais, depuis des lustres. Même à Paris, au Bazar de l’Hôtel de Ville (BHV), on y vend des savons de la ferronnerie du fer à cheval. Il s’agit d’une marque marseillaise d’un prestigieux savon qui n’est absolument pas boudé par les joueurs du Paris Saint-Germain (PSG) après le match. Cette marque appartient à la Compagnie des Détergents et des Savons de Marseille ( CDSM), plus que centenaire. Cette entreprise a attendu son repreneur, en raison de ses grandes difficultés financières. Finalement c’est un fond asiatique avec un groupe d’investisseurs français qui reprend l’entreprise. Et celle-ci n’est pas à l’abri de nouvelles difficultés par une concurrence forte et des copies légales qui n’ont rien à voir avec le savon marseillais. En effet, jusqu’à hier, tout savon quelconque pouvait être vendu comme savon de Marseille, puisque le produit n’était pas protégé.

Un savon protégé

Finalement, c’est cette nuit que les députés ont adopté une AOP pour le savon de Marseille. Il s’agit donc d’un beau cadeau de Noël pour cette industrie qui va pouvoir enfin se développer sans être copiée. La contrefaçon de savons de Marseille va faire son apparition, mais c’est tant mieux car elle pourra au moins être contrôlée.

De ce fait, de nombreuses savonneries qu’elles soient industrielles ou à l’état de manufacture vont pouvoir renaître. La localisation va être déterminante. Il reste tout de même à protéger le savoir-faire et la composition. Il serait dommageable que le savon de Marseille soit produit avec de l’huile de palme en provenance du Viêt-Nam ou d’un autre pays asiatique. La composition reste historiquement à base d’huile d’olive. Le moulin Paschetta en sait quelque-chose, puisque ce dernier artisan produit son savon avec son huile très parfumée. Les industriels n’ont qu’à se rendre dans cette savonnerie d’antant pour prendre exemple.

C’est donc l’huile AOC qui pourra faire toute la différence pour produire un savon de Marseille de qualité, et pas avec une huile d’olive sans provenance. Hélas, il est sûr que les prix de vente vont flamber. Ce sera le prix à payer pour un produit naturel du bien-être.