Les entreprises intéressées par la cession de l’opérateur mobile SFR devront déposer leur dossier ce soir, 5 mars 2014 auprès de Vivendi, l’actuel propriétaire. Convoitée, les opérations d’influence ont commencé aussi bien avec le propriétaire privé qu’avec l’Etat.


Vaste opération de lobbying pour la reprise de SFR
Dossier financier

Vivendi met la pression pour permettre à sa filiale SFR d’être désirée par des acquéreurs. L’embarras du choix ne va pas manquer, puisque tous les grands acteurs sont intéressés. C’est Henri Lachmann, du conseil de surveillance de Vivendi qui mène la danse et sert de référent auprès de Jean-René Fourtou, le PDG de Vivendi.

Le Groupe de communication qui recentre sa stratégie et a décidé de céder SFR qui n’est plus dans son cœur de business compte bien tirer de cette opération au moins quinze milliards d’euros.

Le PDG d’Altice, Patrick Drahi, redoutable financier qui détient Numéricable, a déjà dégaîné en communiquant ouvertement de son grand intérêt pour SFR. Altice a déjà déposé un dossier complet et chez l’opérateur, on assure que « les avocats des différentes parties sont en train de finaliser le dossier pour signature et le soumettre au conseil de surveillance de Vivendi ».

Le montage financier d’Altice pour l’achat de SFR s’effectuerait sans doute avec un LBO, très chère à M. Drahi. L’opération endetterait ainsi de manière durable et importante Altice et SFR : environ plus de dix milliards d’euros de dette.
Vivendi pousse aussi à Bouygues de formaliser une offre. Cependant, rien n’a été communiqué sur l’intention pour Bouygues de remettre une offre à Vivendi. Bouygues détient une force sur un Altice puisque le montage financier d’une croissance externe par la dette n’est pas une pratique de l’entreprise de BTP. Les risques sont donc moins importants.

Lobbying dans tous les sens

Le gouvernement doit aussi donner son accord dans ce rachat, pour ce secteur stratégique et extrêmement réglementé. A première vue, la montée en puissance d’un Free avec SFR pourrait conduire à la mort de Bouygues Telecom par un problème de taille critique. Or, Free dispose d’un nombre important de clients liée à son offre prix très concurrentielle qui fait fonctionner l’effet volume, mais sa couverture en propre reste bien faible contrairement à Bouygues. Pour le moment, Xavier Niel, le PDG d’Iliad, n’a pas fait déposer d’offre de rachat de SFR par Free.

Martin Bouygues a rencontré François Hollande sur le sujet. La sensibilisation est faite du point de vue du domicile fiscal d’Altice qui est aux Pays-Bas. SFR pourrait ainsi passer sous pavillon étranger.
Par ailleurs, CVC Capital Partners, le propriétaire de Sunrise, second opérateur en Suisse, pourrait sortir du bois pour déposer une proposition. Les influences vont aussi bon train à lafois au gouvernement qu’au commerce extérieur à la France.

Enfin, M. Drahi est allé rencontrer Mme Pellerin, ministre de l’économie numérique et M. Montebourg, Ministre du redressement productif, pour rassurer sur l’objectif d’Altice qui serait de « ne pas licencier » chez SFR en cas de reprise.
Les jeux ne sont pas encore faits, mais les rendez-vous se multiplient à haut niveaux, ce qui pourrait faire encore monter la valorisation de SFR.