Les Stratégies




20 Novembre 2013

Après cinq années de déboires, le tissu entrepreneurial italien a mué avec les objectifs clairs de limiter la fuite de sa production et de maintenir ses exportations. Fort est de constater que la botte de l’Europe, est aujourd’hui le second producteur européen, et sa balance du commerce extérieur se porte bien mieux que celle de ses voisins.


Sortie de crise en vue pour l’Italie
Tissu entrepreneurial composé de petites structures familiales
La plupart des entreprises italiennes sont avant tout des PME, TPE, plutôt familiales. Cela semble tout à fait logique dans ce pays latin où la culture de la famille est encore très présente. Ceci indique bien que l’entrepreneur italien a bien compris que tout son business devait rester dans son pays. Et pourtant, plus des trois-quarts des achats de ces petites manufactures familiales composent son chiffre d’affaires. Alors autant que cela serve au cousin, au voisin, à l’ami d’enfance… Ainsi, le modèle horizontal des années 90’ a laissé place à un modèle plus vertical aujourd’hui, tel de véritables machines de guerres industrielles composées d’une myriade de compétences hyper spécialisées de tailles très modestes. C’est ce qui ressort de l’analyse du livre d’Aldo Bonomi Il Capitalismo in-finito : indagine sul territorio della crisi, Ed. Einaudi, 190p. Ce système s’avère une véritable différenciation pour limiter les délocalisations vers des pays à coûts beaucoup plus attractifs. La compétitivité est ici optimisée par une boucle de réactivité courte et un effort sur les dépenses externes dites « cash out ».
Sous-emploi des qualifications vers une hyper-spécialisation
L’Italie a identifié une ressource très forte : celle d’une main d’œuvre très spécialisée, rare, donc logiquement chère. Et justement, pour garder une certaine compétitivité, avec une crise très forte et un taux de chômage galopant, ces emplois qualifiés se sont vus bradés. Cette population d’actifs se voit malheureusement hautement valorisée professionnellement mais bien dévalorisée du point de vue de ses émoluments. Ceci a augmenté une certaine précarisation de l’emploi hautement qualifié.
Il est vrai qu’il vaut mieux gagner moins, mais au moins quelque-chose pour nourrir la famille. C’est sans doute une mauvaise passe éphémère, puisque dès que la croissance ser réellement repartie dans le pays, les emplois qualifiés retrouveront toute leur importance, y compris au niveau de la valorisation des gains. Peut-être que les migrations pas toujours gagnantes vers d’autres pays le siècle dernier ont dissuadé les italiens d’immigrer à nouveau pour trouver un emploi.
Démarche communautariste
Un point fort supplémentaire, toujours lié à l’importance de la proximité et de la famille dans la culture italienne s’avère le communautarisme. L’entre-aide locale semble un véritable atout en Italie. C’est ainsi que le voisin n’est plus un potentiel concurrents, mais un allié, où la diversification et la complémentarité sont les principaux éléments différenciant. Le groupe Olivetti a été précurseur dans cette approche en cultivant « les logiques communautaires », contrairement à Fiat qui a voulu écraser d’éventuels concurrents. C’est bien ce qu’indique Giancarlo D’arcangelo dans son livre, invisibile e la tua vera patria : reportage dal declino ed. il saggiatore, 254p. où il met en évidence une cohésion locale, qui forcément va favoriser les exportations. L’Italie de demain se construit.