Les Hommes




24 Janvier 2014

Très américain, faire en sorte que les employés prennent pour une journée ou une heure le siège du patron est tout à fait captivant, retournant. C’est un peu comme la visite d’un Président d’Etat auprès du souverain pontife.


Prendre la peau de son patron
Dans la peau d’un autre

Un peu difficile à imaginer, se prendre pour quelqu’un d’autre de manière réelle semble tout à fait improbable, à moins d’être schizophrène ou bien très bon comédien.

Tout cela semble aujourd’hui à portée de mains. Un collectif d’artistes « be another lab » a fait l’expérience de rentrer dans un autre corps, de changer de sexe, de voix, de vêtements… Bref, cette mise en scène expérimentale premet de comprendre l’affect de l’autre, à savoir ses souffrances, ses joies, ce qui le fait vibrer et aussi ce qui le déstabilise.
Se mettre dans l’autre semble tout à fait saugrenu, néanmoins reste tout à fait convoité, non par voyeurisme mais par curiosité. La comédie « dans la peau d’une blonde  » montre à quel point il est difficile de se mettre à la place de quelqu’un d’autre.

Prendre les responsabilités

Facile de dire que le patron gagne beaucoup d’argent. Oui, mais quelles sont ses obligations ? Carlos Ghosn, le patron de Renault et de Nissan gagne effectivement très bien sa vie avec plus de dix millions d’euros de salaire annuel en moyenne (juste le salaire…). Cependant cet homme travaille beaucoup, voyage beaucoup sans voir la couleur du jour, et fréquente de manière régulière les hôtels. Il ne rentre donc que rarement chez lui, ou sinon très tard pour se mettre au lit (et c’est sans doute un luxe de que dormir dans son lit chez soi).
Outre la qualité de vie qui est tout à fait subie, il reste le mandat. En cas de problèmes, c’est le dirigeant qui doit assumer sa responsabilité pénale. En cas de gestion de crise, comme l’affaire d’espionnage en 2011, il faut pouvoir s’exprimer devant les médias tout en conservant sa dignité et son image.

Alors qui est prêt à relever le défi ? C’est bien pour cela qu’aux Etats-Unis, l’exercice de se mettre à la place de son patron est courant. Pas besoin d’être un patron de multinationale et une des premières fortunes mondiales. Un petit entrepreneur est tout à fait dans le même cas. Et c’est même pire, car les problèmes de trésorerie sont bien plus prenants, et le stress bien plus intense, car la gestion de crise est à court terme, en se demandant si les salaires pourront être payés et l’entreprise rester tout simplement vivante.

Assumer les décisions

Il est bien possible que « be another lab » puisse se transposer dans le monde professionnel. La comédie peut vite devenir une tragédie. Lorsque le dirigeant d’un jour ou d’une heure doit prendre une décision, il tremble comme une feuille et se fait tout petit. C’est la réaction de la fuite : courage, fuyons ! Et pourtant, il est nécessaire de rester au poste. Pour une entreprise d’entretien de la région parisienne, un employé a pris les rennes de l’entreprise. Youssef content de s’installer dans le fauteuil massant n’a finalement pas voulu rester jusqu’au bout de l’expérience, par peur de mal agir, et par un stress qui lui « donnait envie de vomir ». Pour rien au monde « [il] n’échangerait son poste d’agent d’entretien ».