Le repas « à la française » a fait son entrée en 2010 au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Sans culture et maintien des produits régionaux, le repas français pourrait être menacé.


Le repas français peut-il être menacé par l’extinction des matières premières du terroir ?
Une affaire culturelle

Les français ont l’habitude de se retrouver à table. C’est un, moment convivial qui leur est propre. Hélas, avec le monde qui va toujours plus vite, et l’individualisme grandissant, les grignotages, transformation de l’alimentation.
Selon une étude récente de l’INSEE, 41% des jeunes de moins de 25 ans mangent des chips et autres barres énergétiques au cours de la journée, alors que chez les anciens de plus de 60 ans, ils ne sont que 20%. Les modes alimentaires évoluent et auraient tendance à disparaître.

Et si le repas français revêt une particularité quasi sacrée, c’est parce que la France possède une variété de produits bruts ou transformés. La plupart viennent du milieu agricole français, viande, légumes, fruits, produits laitiers,…

Industrie agro-alimentaire française victime de l’Europe

Manger de bons produits français devient un véritable parcours du combattant. Les petits producteurs ne sont pas souvent référencés dans les grandes surfaces. Les centrales d’achats de ces dernières privilégient la marge, le prix par rapport à la qualité. Ensuite, c’est une affaire de marketing pour « vendre la qualité », qui n’est pas toujours au rendez-vous.

De plus, les directives européennes sont de plus en plus restrictives. Les producteurs de produits fromagers doivent s’équiper de laboratoires. Ce sont des investissements et des contraintes qui rendent le travail difficile pour des revenus souvent très faibles.

Par ailleurs, « l’industrie sucrière française va devoir évoluer et trouver d’autres axes de croissance compte-tenu des quotas qui seront levés et de l’arrêt des subventions de l’Europe qui ont été avancés à 2017 », martèle Maurice Delaporte le Directeur du syndicat des produits saccharifères français. L’absence de lobbying du Ministère de l’Agriculture à Bruxelles a avancé le planning de trois années.

Une méconnaissance du terroir français

Les habitudes changent. Même les français peuvent avoir du mal avec les produits bruts. Une cliente citadine de passage dans la ferme bio des Rapilles, à l’entrée du parc du Vercors, demande à l’agriculteur « ce qu’[elle] peut faire avec un lait cru. Quelle est la différence avec le lait acheté en brique ? ». Evidemment, elle peut tout faire avec, du moment que le lait est consommé rapidement. Pour les associés de cette ferme très moderne et authentique à la fois, Alain Francoz et Philippe Moinier, « les produits de [leur] terroir témoignent des qualités naturelles de leur environnement ». Leur travail est reconnu puisqu’en 2013, ils ont reçu les second prix des prairies de fauche et premier prix des prairies de pâtures du Parc Naturel Régional du Vercors. Leur dévouement leur permet de maintenir des produits de qualité devenus rares, grâce à la bonne alimentation de leurs vaches.

Sans prise de conscience à la fois sociétale, industrielle et patrimoniale, le repas à la française pourrait donc être amputé en absence de produits du terroir.