Les Stratégies




3 Juin 2011

En acquérant 29% du capital de Parmalat en mars, Lactalis ne peut que susciter les commentaires. Les Italiens sont notamment hostiles face à l’opération, mais décidée à gagner en concurrence sur le marché mondial, la famille Besnier a décidé de ne pas reculer. L’acquisition permet au groupe européen de se retrouver à la deuxième place mondiale sur le marché du lait, avant Danone et Nestlé.


Lactalis: les raisons d'un assaut
29% de Parmalat acquis par Lactalis

Alors que le débat porte surtout sur la défense de l'identité transalpine de Parmalat, Lactalis a décidé de passer outre les critiques. En acquérant 29% des actions de son homologue, le groupe se retrouve en effet à la seconde place sur le marché international des produits laitiers. Le président du groupe de Laval, Emmanuel Besnier, a également annoncé le 26 avril dernier que le groupe envisage de lancer une Offre publique d'achat ( OPA ) sur la totalité des actions de Parmalat. L'opération fut financée par les banques HSBC, Crédit Agricole, Société générale et Naxitis (3,4 milliards d’euros apportés). Avec un prix offert de 2,60 euros par action, soit 21 % de primes par rapport au cours moyen de la firme italienne durant l’année dernière, les investisseurs se sentent davantage rassurés. La cotation de Parmalat à Milan a déjà récolté le fruit de ses résultats, avec une hausse boursière de 12 %. L’acquisition de la totalité des titres coûterait près de 4,5 milliards d’euros.

Pourquoi Parmalat ?

En 2003, la chute de Parmalat en fait suite à une affaire de fraude portant sur 14,3 milliards d’euros. Une fraude qui conduira automatiquement le groupe italien à la faillite, avant que sa direction ne soit saisie par le spécialiste du redressement des entreprises en crise, Enrico Bondi. Les conséquences de cette chute ont été particulièrement importantes en France, où les fournisseurs de l’entreprise italienne n’avaient pas été payés durant plusieurs mois. Plusieurs projets de construction et d’acquisitions ont dû être abandonnés, dont un investissement de 8 millions d’euros pour la mise en place d’une usine à Vire. La société a néanmoins pu se redresser assez rapidement. En 2010, son profit net s’élève à 282 millions d’euros. Parmalat a particulièrement attiré l’attention de Lactalis par sa position stratégique sur le marché mondial. Plus de 80 % de ses ventes sont réalisées à l’extérieur, notamment en Australie, au Canada, ou encore en Afrique du Sud.

Un accord s’impose entre la France et l’Italie

Bien qu’étonné par l’offre, Silvio Berlusconi, président du Conseil italien, reste favorable à la fusion des deux enseignes. Selon lui, la création de groupes italo-français ou franco-italiens permettrait de mieux faire face à la concurrence internationale. Paris et Rome restent pourtant réservés quant à ces opérations. Après l’annonce d’une OPA sur Parmalat, Paris souhaitait surtout éviter un conflit, et Rome, pour sa part, continuait de mettre des barrières sur son territoire. Les blocages semblent pourtant réels lors de la poignée de main entre Nicolas Sarkozy et Silvio Berlusconi. Selon le président français, « il n’y a pas lieu de se faire une guerre ». Les deux groupes sont pratiquement liés sur le marché, et des solutions communes s’imposent. De son côté, Silvio Berlusconi souhaite avant tout trouver des moyens fiables afin d’éviter l’OPA sur la totalité des actions.