Les Organisations




12 Mars 2014

Les deux géants de la distribution de banane Chiquita Brands International et Fyffes viennent d’annoncer leur fusion. Les conséquences pour la banane française pourraient vite se faire sentir.


Chiquita a la banane
Un oligopole mondial puissant

Cinq grands Groupes détiennent la quasi-totalité du marché de la banane à l’export, dont trois américains. Del Monte, Chiquita (anciennement United Fruit Company) et Dole (Standard Fruit). A eux trois, ils pèsent environ 65% du marché mondial (source OCDE). L’Irlandais Fyffes et l’Equatorien Noboa suivent de plus loin les trois grands américains.
Ces cinq grands exportent à partir de l’Amérique latine en premier lieu, puis de l’Afrique et enfin l’Asie. Même si ce dernier est le plus gros producteur de bananes au monde, c’est l’Amérique latine qui exporte plus des trois quart des bananes mondiales.

Même si la concurrence bat son plein, les approvisionnements des cinq grands sont tout à fait localisés, ce qui peut en faire une différenciation sur les étalages. Ces dernières années, les marges ont diminué sensiblement  compte-tenu d’une baisse de la valeur ajoutée de la filière.

Une fusion qui prend tout son sens

La fusion de Chiquita et de Fyffes va créer ChiquitaFyffes qui sera détenue à parts égales par les deux géants (50,7 et 49,3%). Compte-tenu de la baisse de valeur ajoutée depuis plusieurs années, le rapprochement va permettre d’améliorer la performance coût du nouveau Groupe. La transversalisation des nouvelles équipes devrait permettre de gagner en efficacité tant opérationnelle qu’économique.

Leurs zones de commercialisation sont complémentaires, puisque Fyffes est le numéro un européen, et Chiquita est extrêmement bien implanté en Amérique. A eux deux, ils devraient logiquement maîtriser à terme plus du tiers du marché européen.

Inquiétude pour la banane française

Le marché européen est dominé par la banane en provenance de la zone latino-américaine, puis par la zone Afrique Caraïbes Pacifique (ACP) et enfin par les Antilles.
Aujourd’hui, la « banane dollar », leader reste de loin la plus compétitive. La banane communautaire quant à elle essaie de résister à cette « banane dollar » qui bénéficie de deux facteurs considérables comme la parité euro/dollar favorable et les taxes douanières moins importantes.

Avec la fusion ChiquitaFyffes, le marché de la banane en Europe risque d’être mis sous tension. Pour la France, l’inquiétude risque d’être rapidement palpable d’autant que Chiquita s’était plus ou moins retirée du marché et que Fyffes n’était absolument pas présent.
La banane commercialisée en France vient majoritairement des Antilles et d’Afrique (Côte d’Ivoire principalement). Il est évident que ChiquitaFyffes ne va pas vouloir se passer de la France qui est une des premiers consommateurs de banane en Europe.
Ce qui pourrait différencier la banane des Antilles, notamment françaises, serait la banane responsable. Le commerce équitable reste un segment de marché pour la banane pas vraiment exploité par les géants de la banane. Seule les magasins bio comme Satoriz ou Biocoop commercialisaient ce type de produit. Monoprix a décidé de s’y mettre et ce n’est pas prêt de s’arrêter.