Les banques interdisent dorénavant les messageries instantanées à leurs traders. La neutralité et la droiture dans les affaires sont des qualités nécessaires pour chaque trader. Les résultats vont-t-ils s’en trouver affectés ?


Trading de chat…quand les banques s’emmêlent
Petits arrangements entre amis

Dans toutes les communautés internet, il y a les amis. Ces derniers ne sont pas forcément bien connus, mais tout simplement identifiés. Les canaux de communications sont privés et normalement chacun peut échanger en toute liberté.
Pour les messageries instantanées, le fonctionnement est tout à fait équivalent. Pour les traders, il s’agit d’une petite distraction, souvent bienvenue dans une profession très stressante. Et de plus en plus, cette facilité soit disant informelle laisse des traces écrites. Ces « chats » sont aussi des moyens intéressants pour concrétiser des affaires en déjouant la déontologie de la profession de trader. Dernièrement, un ancien trader d’UBS et de Citigroup, Tom Hayes, utilise ces échanges informels pour se défendre devant la justice de son pays : le Royaume Uni. Dans un langage écrit assez peu recherché, le factuel et la concision sont de rigueur. C’est ainsi qu’ont pu être mis en évidence des copies d’écrans sur lesquels ces messages apparaissaient. Pour M. Hayes, l’un deux parlait de caisses de champagne en échange d’autre chose qui impliquait davantage l’action professionnelle et « piper les dés », à savoir, orchestrer une opération de manière à la rendre rentable sans respecter les règles.
Il s’agit soit d’influence, soit de corruption. Comme savent si bien le définir les anglo-saxons, le management « assertif » est de rigueur, c’est-à-dire dénué d’intérêt personnel, d’affect et propice aux règles qui doivent se tenir selon le contexte de négociation.

Dépassement des limites

Le cas du français Fabrice Fourre, qui travaillait pour Goldman Sachs a aussi ébranlé la profession avec son message « fabulous fab  ». Cet homme grâce à sa messagerie instantanée a réussi à mener sa petite enquête de manière à manipuler le marché de l’or. C’est tellement gros, qu’il est difficile d’y croire tant ce marché est colossal, compliqué et sécurisé. Mais il a su contourner toutes les barrières pour mener à bien son ambition.

Encadrement obligatoire

Il est certain que lorsque l’on brasse ou décide de millions de dollars ou d’euros dans une salle de marché sur un ordre unique, il y a de quoi perdre pieds. Alors pour éviter les petits arrangements, les copinages et autres comportements illicites, les banques ont décidé d’interdire la messagerie instantanée dès lors qu’elle réunit dans des « chats » des traders de plus de deux banques. Ce qui indique que les échanges entre collègues restent possibles. Mais les arrangements en interne restent limités, puisque chaque trader est au même niveau d’information que les autres. Il n’y a pas de scoop et rien de croustillant pour doper ses résultats.
En conclusion, les traders devront davantage faire marcher leur matière grise pour arriver à leurs résultats. Les règles du métier n’ont jamais été aussi respectées afin d’empêcher des scandales comme l’affaire du Libor qui a obligé le paiement de 6 milliards de dollars par de grandes banques.