Les Stratégies




28 Février 2014

Des chercheurs de l’armée américaine ont mis au point une pizza qui se conserve trois ans à chaleur ambiante. Cela pourrait révolutionner les problèmes alimentaires, mais les industriels de l’agroalimentaire sont sur les rangs


Problème d’intelligence économique pour la pizza
Innovation au goût de l’Amérique

En cas de coup dur, que ce soit un cataclysme naturel, une guerre, un manque de nourriture accessible, ou un embargo, les aliments complets longue conservation sont évidemment nécessaire à la survie.

Outre les besoins physiologiques, si en plus l’individu peut prendre du plaisir à manger même en situation précaire, alors la motivation pour commencer une tâche est toute trouvée. C’est donc forcément le cas pour les soldats américains qui rêvent tous d’une pizza au repas au beau milieu d’un champ de bataille. C’est la raison pour laquelle des chercheurs américains se sont penchés sur le cas de la pizza longue conservation.

Un problème de concurrence dans l’agroalimentaire dans le passé

L’alimentation rendue accessible n’est pas nouvelle. Ce qui se nomme l’autonomie nutritionnelle a été travaillé depuis plusieurs années par de nombreux industriels de l’agroalimentaire, au service des pays du tiers monde dans les années 80 et lutter contre la malnutrition. Ce fut le cas de Nutriset, qui a développé Plumpy nut. Cette substance facile à conserver et à transporter permet de rendre accessible la ration alimentaire essentielle pour chaque être humain.

Et pourtant, cette innovation qui permet une alimentation complète sans même prendre de l’eau vous est sans doute inconnue. En effet, dès sa sortie par une PME normande, deux organisations caritatives déposent une plainte conjointe (Breedlove Foods et Mama Care Foundation) devant le tribunal de Washington qui demandent à fabriquer le produit alors que tous les brevets sont déposés.

Tout est une histoire de parts de marchés, donc avec des intérêts financiers. Nutriset a souhaité étendre son brevet par accord à des entreprises locales où la famine sévit, mais cela n’a pas suffi à éteindre la colère des industriels de l’agroalimentaire américain.
 
Une pizza non destinée à l’humanitaire

Pour les chercheurs américains, le sujet de l’alimentation longue conservation ne revêt pas un caractère humanitaire. La portée est différente des problèmes de malnutrition dans le monde. Pour les militaires, les rations de survie existent depuis longtemps. Sauf que la demande évolue, et ce qui était mangeable auparavant ne l’est plus aujourd’hui : trop mauvais du point de vue gustatif.

Alors pour pallier ces incompréhensions alimentaires, la pizza semblerait le plat idéal pour répondre aux végétariens, aux végétaliens, à ceux qui ne mangent pas de porc, …

En effet, les tendances alimentaires font qu’un individu est capable de se laisser mourir de faim dès lors que la présentation, l’odeur, l’aspect ou le goût ne lui conviennent a priori pas du tout. Le militaire américain aurait ainsi beaucoup de similitude avec un comportement alimentaire d’enfant. C’est en fait un prétexte pour éviter que des industriels mettent la main de manière grossière sur un business très rentable.

Ce problème d’intelligence économique ne risque pas de défavoriser les pays en déficit alimentaire, bien au contraire. Si l’armée américaine décide d’alimenter avec sa pizza innovante les demandeurs, alors sa notoriété s’en trouvera améliorée, le business passera directement par un circuit en dehors du système privé, et forcément sera rentable. Tout est dans l’art du montage économique.