Les Stratégies




1 Septembre 2011

Le chasseur européen Eurofighter Typhoon, développé par EADS, BAe et Finmeccanica, se retrouve aujourd’hui au cœur des débats. Selon le rapport du National Audit Office, les coûts de production ont augmenté de 20%, avec pour conséquence des factures plutôt salées.


L'Eurofighter n'est pas encore au placard
Une hausse de 75% par avion

Le rapport publié récemment par le National Audit Office, la Cour des comptes britannique, ne peut que susciter les questions sur le marché des chasseurs. Alors que le ministère de la Défense a déjà décidé de réduire les achats prévus de 30%, 160 appareils au lieu de 232, les coûts ne reviennent pas moins cher. Les frais de production et de développement ont en effet augmenté de 20%, soit 23,5 milliards d’euros (20,2 milliards de livres). Et d’après le calcul du NAO, le prix unitaire par appareil serait estimé à 85 millions d’euros (73 millions de livres), hors frais de développement, soit une augmentation de 75% par rapport à la facture initiale prévue.

Le pourquoi

Étant le seul chasseur dont les ailes n’ont pas été fabriquées dans un seul pays, l’Eurofighter doit les coûts élevés de son développement à différents facteurs. L’aile droite de l’avion a été conçue en Espagne par EADS et l’aide gauche par Alenia, en Italie. Le NAO estime le coût de cette méthode de construction peu commune à deux tiers des surcoûts, soit 2,2 milliards de livres. Et le tiers restant constitue le fruit des adaptations qui ont dû être intégrées à l’Eurofighter, dont la conception a plutôt été orientée vers un environnement de « guerre froide », pour un rapprochement plus poussé des Rafales, chasseurs multi-rôles. Retard du programme, problèmes de disponibilité des avions par souci de sécurité… l’Eurofighter semble mal démarrer sur le marché. Le consortium continue pourtant d’y croire.

Enzo Casolini reste optimiste

Alors que les coûts sont pratiquement en hausse permanente, le consortium Eurofighter reste confiant. Enzo Casolini, directeur général, estime à 250 le nombre de chasseurs qui lui seront commandés d’ici les dix prochaines années. Avec un appel d’offres pour 126 appareils, l’Inde serait sans doute le premier grand acheteur de ce chasseur européen. Afin de répondre aux besoins des bases indiennes, le consortium Eurofigther compte d’ailleurs concevoir une version navale de l’avion. Les chasseurs décolleraient ainsi directement depuis des porte-avions. L’Eurofighter est d’ailleurs réputé pour afficher l’un des meilleurs rapports poids/poussée, ce qui, contrairement au F-18 ou au Rafale, permettrait un décollage à la fois facile et moins coûteux, depuis un tremplin.

Des signaux prometteurs ?

Si le démarrage de l’Eurofighter sur le marché semble à la traîne, l’appareil européen pourrait en fait ne pas être l'échec tant annoncé, sur le plan international. Avec 72 appareils déjà vendus en Arabie Saoudite par BAe, le chasseur peut en effet s’attendre à bon nombre de commandes dans les prochaines années. L’appareil est d’ailleurs considéré comme une ouverture commerciale par l’actionnariat germano-italo-britannico-espagnol du consortium. Les relations entre États pouvant parfaitement entrer en jeu, donnant rendez-vous à des compétitions partagées. Le Japon pourrait tout aussi bien figurer sur la liste des clients de l’Eurofighter. Suite au refus des Américains de leur vendre des F-22 Raptor, les Japonais n’attendent en effet que des offres européennes.


Tags : Eurofighter