L’ex-PDG d’Orange, Didier Lombard, a été nommé à la présidence du conseil de surveillance de STMicroelectronics. La décision a été prise lors de l’assemblée générale annuelle des actionnaires, dont la présence de l’Etat ne peut que susciter le débat. Zoom sur l’affaire.


Didier Lombard: un second souffle chez ST Micro
Didier Lombard, l’homme d’affaires

Directeur général adjoint de France Télécom depuis 2003, puis successeur de Thierry Breton au poste de PDG en 2005, Didier Lombard est loin d’être un inconnu dans le domaine des télécommunications. Son parcours fut jalonné de succès et de polémiques. En 2009, sa gestion a été critiquée suite à une vague de suicides de salariés au sein de France Télécom. Cette affaire n’a pas été oubliée, elle ne le sera sans doute pas d’ici tôt. Le PDG fut contraint de léguer la présidence du groupe à Stéphane Richard en 2011. Aujourd’hui encore, les critiques ne semblent pas s’estomper. Plusieurs mois après avoir quitté France Télécom, la nomination de Didier Lombard à la tête du conseil de surveillance de STMicroelectronics entretient la polémique.

L’Etat omniprésent

Détenteur de 26,7 % des actions chez France Telecom, l’État français a décidé d’augmenter son capital au sein de STMicroelectronics, dans le cadre de l’équilibre de gouvernance. En 2008, sa part a ainsi atteint près de 13 % du capital de la société. Elle devient de la sorte soumise aux décisions gouvernementales. Après avoir créé le Fonds stratégique d’investissement ou FSI en 2008, l’Etat a également racheté les 10,9% d’actions détenues par Areva en 2010. Face à cette participation accrue de l’État au sein de STMicroelectronics, les interrogations fusent au niveau des syndicats. L’État, en partenariat avec le FSI, avait déjà indiqué vouloir renouveler le mandat de Didier Lombard au mois de mars 2011. Pour les syndicats, le gouvernement français a, de toute évidence, joué un rôle dans la nomination de ce dernier à la tête de STMicroelectronics.

Les syndicats contestent

Officialisée la veille de l’enterrement d’un salarié de France Telecom, la nomination de Didier Lombard à la présidence du conseil de surveillance de STMicroelectronics suscite nombre de polémiques. Les syndicats demeurent particulièrement réticents, d’autant plus furieux que l’entreprise reste sous contrôle de l’État, avec plus de 27,5 % des actions détenues via le FSI. Pour Sébastien Crozier, de la CFE CGC/Unsa France Télécom-Orange, il s’agit tout simplement d’une « honte pour la République ». Et SUD d'évoquer « un foutage de gueule » (sic). Le scandale n’est apparemment pas prêt de s’éloigner de l’ex-patron d’Orange. Selon un employé de la Caisse des dépôts, le choix s’explique pourtant de façon objective. Didier Lombard est un homme d’affaires compétent, et en tant que membre de STMicroelectronics depuis 2004, il connaît très bien la société. La Caisse des dépôts, contrôlant le FSI à 51 %, a également ajouté que cette nomination avait été prévue six mois auparavant. Et qu’il n’y a eu « aucune recommandation ni pression ».