L’histoire plus que centenaire du groupe Cofely Ineo permet de détecter les fondamentaux d’un modèle d’entreprise adapté aux mutations du XXIeme siècle.


Cofely Ineo: zoom sur la constitution d'un géant de l'efficacité énergétique
Tout commence en 1891 avec la création des Grands Travaux de Marseille (GTM).  A ce moment va débuter une saga de 122 ans qui va se conclure – provisoirement – par la naissance d’une entreprise qui fait aujourd’hui beaucoup parler d’elle par son modèle de management alliant l’autonomie et la proximité avec le terrain. Cette entreprise se nomme Cofely Ineo. Cette filiale du géant mondial de l’énergie GDF Suez est aujourd’hui, avec 15 500 collaborateurs et 2,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2012, l’un des principaux acteurs français du génie électrique, de l’efficacité énergétique et des télécommunications. Cette histoire démontre à l’envi que les fondamentaux d’une entreprise qui réussit se trouve aussi dans son histoire, et dans une construction patiente de ses piliers.
 
Après la naissance des Grands Travaux de Marseille, une myriade de nouvelles sociétés naissent en cette fin du XIXe siècle et en ce début du XXe siècle : en 1895, c’est Verger Delaporte ; en 1902, c’est Herlicq ; en 1921, c’est l’Entreprise Industrielle ; en 1927, c’est la SEEE. Entre les années 1974 et 1998, une série de rachats et de fusions consolideront toutes ces entreprises pour parvenir en 2001 à la création d’Ineo.
 
De cette histoire de plus d’un siècle, de ces ajouts de structures différentes disposant chacune d’une forte culture d’entreprise, se solidifie l’idée, et la nécessité, que l’autonomie des structures doit être un des fondamentaux du nouveau groupe Cofely Ineo, même si la création du groupe n’a pas été une simple addition de société mais plutôt une union de compétences autour d’une culture du métier partagée et d’un socle de valeurs imaginé par son nouveau PDG, Guy Lacroix. Celui-ci instaure alors une gouvernance qui favorise l’agilité grâce à l’autonomie des équipes sur le terrain, condition favorable, sinon essentielle, au management d’une équipe qui compte désormais plus de 15 000 collaborateurs.
 
Derrière l’idée d’autonomie, se trouve une culture entrepreneuriale, l’idée forte de Cofely Ineo. Elle se résume dans le projet du groupe, lancé en 2006, qui se nomme « La passion d’entreprendre ». Il est destiné à accélérer une véritable transformation culturelle du groupe. « Nous voulons nous comporter en entrepreneurs curieux, créatifs, passionnés, résolument tournés vers le futur, mais toujours rigoureux sur les fondamentaux de nos métiers et sur la discipline que cela exige », insiste Guy Lacroix. Cet esprit d’entreprise se retrouve sur le terrain. Avec 300 implantations en France,  et plus de 2000 ingénieurs et responsables d’affaires, le groupe dispose d’une organisation décentralisée qui renforce sa proximité sa réactivité auprès de ses clients.
 
En fait, le groupe a adopté directement ce que le psychosociologue Douglas McGregor a appelé la théorie Y. Elle suppose des relations reposant sur la confiance, la délégation et l’autocontrôle, avec des équipes qui s’impliquent et prennent des initiatives, plutôt que la théorie X, selon laquelle l’individu moyen n’aime pas travailler.
 
L’histoire de Cofely Ineo continue en ce début de XXIème siècle , avec notamment l’événement marquant de la fusion, en 2008, des groupes GDF et Suez. Cofely Ineo rejoint la branche GDF Suez Energie Services. À partir de septembre 2008, le groupe effectue un certain nombre d’acquisitions : Drode, dans l’éclairage public, l’activité RMS (Réseau mobilité service) du groupe ARES, Vidal, spécialistes de l’installations électriques climatiques, Sinovia, qui travaille dans la supervision multimédia et multi-techniques pour les villes, les sites des bâtiments, ACM services,  spécialiste de la radio mobilité, iProcess, un des leaders des logiciels de sécurité et, enfin, Telca 2000, leader dans les infrastructures de sécurité...
 
Cette série d’acquisitions permet au groupe Cofely Ineo de devenir de plus en plus proche du terrain et, surtout, de couvrir un éventail de besoins de plus en plus larges, de telle sorte à ce que ses clients puissent avoir recours à un interlocuteur unique tout au long de la conduite de leurs projets. Ainsi, ces acquisitions permettront de développer les services urbains de demain pour accompagner les collectivités dans la construction de la Cité du futur. Le groupe imagine des synergies possibles entre ces différents domaines pour offrir aux collectivités des solutions globales et pérennes : « La complémentarité des métiers d’installations et des métiers technologiques issus des systèmes de télécommunications, du numérique et de l’informatique, qui est un pilier de notre groupe, permet à l’entreprise d’aborder des contrats complexes en offrant des systèmes et non plus uniquement des installations. C’est l’avenir de notre groupe », analyse d’ailleurs Thomas Peaucelle, le directeur général délégué à la stratégie du groupe.
 
Cette proximité avec le terrain permet une réactivité immédiate aux besoins de la clientèle, qui est aujourd’hui essentielle, ainsi que l’affirme Didier Noyé, Directeur associé chez Insep Consulting. Cette proximité avec le terrain nous renvoie au concept d’autonomie. Il n’est plus suffisant pour une entreprise d’avoir des équipes qui appliquent les ordres, elles doivent être capables de prendre des décisions au bon moment afin de s’adapter au milieu aux évolutions du terrain. Ainsi l’exemple du groupe Cofely Ineo, et de son histoire plus que centenaire, nous montre comment un groupe peut en tirer profit afin d’aborder au mieux le management du XXIe siècle.