Les Hommes




25 Septembre 2013

Le premier responsable de l'alliance Renault-Nissan est un emblématique dirigeant d'entreprise bien connu du monde des affaires. Malgré la récente crise financière, doublée d'un contexte toujours difficile pour le marché automobile, Carlos Ghosn demeure aux commandes de son groupe, qu'il estime par ailleurs être sur le chemin d’un avenir plus stable.


Comment Carlos Ghosn traverse les orages
Un dirigeant efficace

Carlos Ghosn est aujourd'hui l'une des personnalités incontournables du paysage industriel mondial. Sortant de l'École Polytechnique et de l'École des Mines de Paris, Carlos Ghosn siège depuis 2005 à la présidence de l'immense alliance automobile Renault-Nissan. Bien avant de devenir le PDG du groupe, Carlos Ghosn était l'un des principaux maîtres d'œuvre du rapprochement entre le constructeur tricolore et l'industriel japonais. En perte de vitesse à l'aube de la décennie 2000, Nissan est contraint d'accepter l’entrée de Renault au sein de son capital. Il s'ensuit alors une spectaculaire remontée de la pente pour le constructeur automobile japonais. Sous la direction du futur président de l'alliance, un plan de redressement efficace est appliqué et porte ses fruits en moins de cinq ans seulement.

L'année 2004 n'est pas encore entamée que les dettes de Nissan sont ainsi résorbées. Mieux encore, les bénéfices du constructeur japonais sont en progression constante avec un taux impressionnant de 33 %, devenant à cette occasion l'un des constructeurs automobiles les plus rentables de la planète. Il devient tout naturel pour Renault que la succession de son PDG de l'époque, Louis Schweitzer, soit confiée à ce dirigeant de poigne, efficace dans la prise de décision et surtout rigoureux dans l'application des plans stratégiques. 2005 sonne alors comme une nouvelle étape dans la carrière de Carlos Ghosn, il prend les rênes de la marque au losange.

Un contexte économique difficile

Carlos Ghosn traverse des périodes difficiles à la tête de l'alliance Renault-Nissan. La crise financière et le ralentissement conséquent du marché de l'automobile au niveau mondial figurent certainement parmi les problèmes les plus complexes de ces dernières années. En dépit de cette morosité économique, le dirigeant d'entreprise n'a eu de cesse de rechercher des alternatives viables pour dynamiser les activités de son groupe. Chez Renault, un plan de relance est mis en place peu de temps après sa prise de fonction. Les objectifs de la marque au losange sont ainsi ambitieux, sous les manettes du brillant PDG. Mais force est de reconnaître quelques années plus tard que l'ampleur de la crise est bien plus profonde qu'escomptée : les prévisions de vente établies au sein du plan de relance sont loin d'être atteintes.

Cette situation est généralisée pour la majorité des acteurs mondiaux de l'automobile, qui revoient tous à la baisse les ventes de véhicules réalisés. Carlos Ghosn, tout comme une grande partie des cadres de Renault, s'abstient d'encaisser le bonus annuel qui lui revient en tant que PDG. Cet acte empreint de sacrifice est un symbole fort auquel s'attache l'industriel afin de reconnaître que les performances du constructeur ne sont pas encore au niveau des attentes. Cependant, la décélération des activités des industriels de l'automobile n'a pas empêché Carlos Ghosn de tracer une nouvelle trajectoire pour l'alliance Renault-Nissan. Un programme pertinent censé redonner plus de dynamisme au groupe sur le long terme.

Carlos Ghosn confiant en l'avenir de son groupe

Les recettes de la longévité de Carlos Ghosn à la tête du groupe Renault-Nissan peuvent être considérées comme multiples. Adroit, responsable et surtout visionnaire, le PDG est constamment en quête du meilleur équilibre pour pérenniser les activités de ses entreprises. Récemment, Carlos Ghosn s'est étendu sur les alternatives imposées aux industriels de l'automobile du moment par la crise financière. Pour le dirigeant, le management d'aujourd'hui consiste au maintien des coûts de production dans l'immédiat, tout en songeant à l'avenir grâce à des investissements sur le long terme. Cette vision est d'ores et déjà en application chez Renault et Nissan depuis quelques années.

Pour Carlos Ghosn, le futur de l'automobile sera celui du zéro émission ou du tout-électrique. Aujourd'hui, le tandem Renault et Nissan est le groupe qui consacre le plus gros budget aux véhicules tout-électrique par rapport à ses nombreux concurrents.

Grâce aux 4 milliards d'euros investis dans le développement de cette technologie, les Renault Zoé et Twizy, ainsi que la Nissan Leaf sont apparus sur le marché. À lui seul, la Leaf est aujourd'hui le modèle de véhicule 100 % électrique le plus vendu de la planète, représentant plus de la moitié des ventes mondiales du secteur. Depuis l'apparition de ses véhicules tout-électrique, Renault et Nissan ont écoulé 100 000 modèles. En termes d'objectif, les chiffres sont encore loin des prévisions, qui tablaient initialement sur le cap de 1,5 million à l'horizon 2016. Pointés du doigt pour justifier cette modeste performance, l'autonomie des batteries, encore relativement faible, ou le réseau de bornes de recharge publique, peu développé, sont amenés à connaître des améliorations dans les années à venir. Voilà pourquoi Carlos Ghosn maintient ses ambitions sur le long terme, en faisant du tout-électrique son nouveau cheval de bataille, un marché que le groupe estime à 10 % des ventes globales des véhicules en 2020.