Dans son rapport sur l’innovation remis cet automne à François Hollande, Anne Lauvergeon, l’ancienne patronne d’Areva, a formellement indiqué que le recyclage des matières premières est une des sept ambitions retenues pour la France. Leader et avant-gardiste dans le recyclage des combustibles nucléaires usés depuis plus de quinze ans d’existence, le domaine s’étend au recyclage « classique ».


Nouvelle industrie de pointe française : après le recyclage nucléaire, le recyclage ménager
Pionnier dans le recyclage du papier

En 1995, Jean-Luc Petithuguenin, cet ancien cadre dirigeant de Veolia (à l’époque Générale des Eaux), et diplômé de l’ESSEC, a fait le pari de reprendre une PME de 45 personnes (5M€ de CA) spécialisée dans le recyclage des papiers et cartons. Cette petite pépite, qui n’intéressait personne, est devenue Paprec, à la vitesse d’une start-up ambitieuse, et avec une très forte connotation industrielle. Paprec est devenue le premier groupe français indépendant de recyclage, armée de 3500 salariés. Sa croissance forte a été soutenue et bien maîtrisée, avec un mélange de croissances organique et externe. En 2012, Paprec a réalisé un chiffra d’affaires qui dépasse 750 millions d’euros.

L’économie circulaire est devenue son leitmotiv. Au-delà du papier, l’entreprise s’est diversifiée. Sur les cinq millions de tonnes de déchets recyclés, le papier ne représente plus que le tiers de son activité. Place aux métaux, plastiques, et autres substances et produits à recycler. Comme l’indique M. Petithuguenin, « si on s’était limité au papier, on serait morts aujourd’hui ». Alors pour devenir rentable, le recyclage a dû étendre son champ d’action au-delà du papier.

Recyclage des matières, logistique et économie circulaire
La collecte, dans l’économie circulaire est primordiale, en plus de la prise de conscience sociétale. Toute la population est touchée : professionnels, ménages,… Alors, des start-up comme Les joyeux recycleurs , se sont complètement investis dans la filière de tri. Ils permettent à cette économie circulaire d’être à la fois performante et rentable. Les modalités de rémunération des partenaires est astucieuse, puisque comme le déclare le fondateur des Joyeux Recycleurs, Fabien de Castilla, « notre moteur économique ne doit absolument pas freiner l’efficacité de la collecte », donc in fine la performance du recyclage.
Et la banalisation du recyclage contribue à la performance du système, compte-tenu d’un martèlement médiatique, comme la publicité de Monsieur papillon mais également à l’excellence d’une industrie du recyclage. Aussi, tous les matériaux ne seront pas aussi rentables à recycler, comme certaines résines en trop faible quantité, ou le papier avec l’illustration de Paprec.

Rentabilité et diversification : le recyclage dans le sillage du nucléaire

C’est donc la diversification des matériaux à recycler dans plusieurs filières qui pourra donner toutes les lettres de légitimité à l’industrie du recyclage français. Et ce n’est pas une nouveauté, puisque le recyclage du combustible a suivi également cette voie quelques années auparavant. L’analogie est flagrante. Le combustible MOX fabriqué après recyclage dans l’usine phare de Melox à Marcoule, doit également s’adapter à des composants à recycler de différentes origines (miltiaire, civil, pays, pureté,…) et différentes consistances.
C’est justement cette flexibilité qui en fait une industrie très compétitive, et véritable vitrine pour la France. Il en va de même pour le recyclage des produits d’usages classiques. La filière reste très innovante, puisque par exemple, l’usine Paprec de Pont Sainte Maxence (Oise), deviendra le pôle d’excellence français des « métiers du recyclage, en précurseur d’une industrie de pointe du XXIe siècle ».