Un rapport commandé par les gouvernements français et allemands à deux économistes prônerait un assouplissement des 35 heures et un gel des salaires, provoquant l'irritation de nombreuses personnalités politiques.


La flexibilité au travail, côté patrons et côté salariés
Jean Pisani-Ferry et Henrik Enderlein, les deux économistes auteurs du rapport, estiment que la France gagnerait à s'inspirer du modèle allemand en donnant aux entreprises la possibilité d'aménager plus facilement le temps de travail (et pas uniquement aux entreprises qui se trouvent en difficulté). On est loin de l'assouplissement des 35 heures mais plutôt dans une recherche de flexibilité du marché du travail.
 
De la flexibilité dans l'organisation du travail, les PME en réclame depuis de longues années. Le 1er baromètre Axa sur les préoccupations des chefs d’entreprise (menée au printemps 2014) montre que près de 75% des patrons interrogés estiment qu'il leur est difficile de recruter. Outre les formations initiales qui, selon eux, ne sont pas assez opérationnelles, l'organisation du travail est jugée trop rigide. « L’assouplissement du temps de travail ou des règles régissant les contrats sont au 1er rang des attentes », rapporte Antoinette Prost, directrice des études d’Axa Entreprises : « Plus de 8 dirigeants sur 10 souhaitent une amélioration du statut fiscal des heures supplémentaires, une révision de la durée du travail et un assouplissement des CDD. De même, 2 sur 3 voudraient voir assouplies les obligations liés aux changements de seuils ».
 
En même temps, une majorité des patrons se dit très concernée par le bien-être de leurs salariés. « Cela peut paraître en effet paradoxal. Toutefois, le bien-être dépasse la simple notion de sécurité. Le bien-être, pour les patrons interrogés, signifie pratiques managériales, valorisation du travail de chacun ou une mise en place de complémentaire santé » explique Jad Ariss, directeur général d’Axa Entreprise.
 
Dans l'entreprise, les choses ont concrètement évolué ces dernières années. Les horaires de travail ont été globalement assouplis, les plages ayant été élargies. Si cela convient à certains salariés, il ne faut pas perdre de vue que cela rend le management plus compliqué ainsi que le partage d'informations entre salarié. La vie des instances de représentation du personnel est également modifiée, comme la participation au comité d'entreprise ou aux instances syndicales. Enfin, la vie de famille se trouve parfois bousculée lorsque l'un des deux parents décale complètement ses horaires pour aller chercher les enfants à la crèche par exemple.
 
Enfin, un sondage mené début 2014 par Ipsos et Endered auprès des salariés de 8 pays européens a montré que 85% des salariés estiment consacrer trop de temps à leur travail, dont 87% de managers, et 47% des salariés estiment que l'entreprise porte aujourd'hui une attention insuffisante aux nouveaux modes d'organisation du travail.