Les Stratégies




3 Février 2014

Patrick Drahi, le fondateur de Numericâble, qui a très longtemps développé son empire dans la région de Cavaillon, celle des melons, renouvèle l’expérience en prenant le melon par l’introduction de son bébé à la bourse d’Amsterdam.


Numéricable garde le melon
Une entreprise suspendue à des câbles

C’est sans corde de rappel que ce Polytechnicien-Télécom a souhaité emmener Numericable, un opérateur de téléphonie fixe vers des auspices très porteurs. Son empire, il l’a constitué avec une grande maîtrise des atouts capitalistiques : le LBO. En véritable sauveur ou requin selon les perceptions, il a racheté de nombreuses petites entreprises de téléphonie fixe et câble en difficulté ou au bord de la liquidation.

Il les forme à sa manière, les redresse, les valorise et constitue ainsi son  patrimoine entrepreneurial. Si bien qu’il est quasiment le seul actionnaire de Numericable. Il frôle l’étouffement en 2008 avec le crise financière, mais trouve toujours une porte de sortie pour son poulain.
L’envolée est vertigineuse : une vraie success story. L’entreprise détenue par la holding Altice, souhaite prendre le contrôle de SFR. La stratégie est bien formellement communiquée et pas secrète. Tout est clair, net et précis : pas de coups bas. Alors SFR ne peut pas nier. Cette action des grands hommes d’affaires visionnaires permet justement de changer la donne face à un Free très offensif.

Une agilité entre hommes d’affaires

Rien de tel pour contrer le cristolien Xavier Niel, qui vient d’être élu patron préféré des français. Tout oppose les deux hommes à première vue. M. Drahi est un cérébral, brillant financier, qui souhaite réaliser des coups de poker entrepreneuriaux. M. Niel a quant à lui, une vision pragmatique et très populaire de ses affaires : il privilégie l’accès à une technologie pour tout le monde. Même si c’est peut-être faux, tout porte à croire, dans la communication de ce dernier, que le succès financier passe en second.

Au niveau de l’éducation, M. Niel est un self business man made, alors que M. Drahi, qui a grandi au soleil de Casablanca, franco-israélien et né avec une cuillère en argent dans la bouche, puis a effectué de brillantes études, et vit aujourd’hui au bord du lac Léman, côté Suisse.

Plus rien de français

Les melons de Cavaillon de M. Drahi vont mûrir sous serre, ou plutôt en Hollande, à Amsterdam, afin d’offrir «plus de flexibilité dans la gouvernance surtout pour des sociétés contrôlées par un seul individu». Est-ce une conséquence de la politique entrepreneuriale du gouvernement ? Apparemment, ce n’est pas certain. La holding Altice siège au Luxembourg depuis bien longtemps.

Alors il est évident que M. Drahi qui s’est vu formé par la France avec son tricorne sur la tête, a vite changé de fusil d’épaule pour partir en croisade contre les taxes et les impôts de l’hexagone.
C’est certain, il n’est pas facile d’être un entrepreneur français aujourd’hui, mais pour le prestige de la France, il faudrait trouver une équation qui convienne à tout le monde. Le rachat probable de SFR qui pèse 13 milliards d’euros enlèverait encore un industriel à la France. De quoi vraiment avoir le melon, mais pour qui ?