Les années 2000 ont vu naître une grande quantité de véhicules innovants notamment grâce aux recherches menées par les industries de défense. Sur terre, sur mer et dans les airs, l’Homme a ainsi pu améliorer ses modes de déplacements.


L’industrie de défense : un moteur pour l’innovation
Facteur majeur de puissance, les grandes nations ont toujours consacré des budgets importants pour innover dans le domaine militaire. Ainsi l’industrie de défense a souvent été à l’origine d’innovations majeures au cours de l’Histoire. Si évidemment, les armes ont été l’objet de recherches approfondies sans transposition possible dans le monde civil, la logistique et la mobilité ont également pu bénéficier d’investissements massifs en R&D. Or ces innovations, le plus souvent, finissent par sortir du domaine purement militaire pour bénéficier au final à la collectivité. Rappelons nous par exemple que les avions à réactions sont nés de recherches militaires pendant la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui encore l’industrie de défense innove en permanence en matière de mobilité.
 
À Hawaï, l’US Army roule à l’hydrogène
 
Emblématique du défi technologique contemporain, la voiture fait l’objet de nombreuses innovations. Les fabricants, en quête de moteurs toujours plus propres, se sont lancés dans le développement de technologies à base d’hydrogène. Le principe de cette technologie est de capter l’énergie créée lors d'une combustion de dihydrogène. Ultra propre, un moteur alimenté par ce procédé ne rejette, en réalité, que de l’eau. Bien entendu avec la fin annoncée des énergies fossiles la pile à hydrogène est en quelque sorte la pierre philosophale du 21 siècle à ceci près que cette technologie n’est pas uniquement un fantasme.
 
Ainsi, en 2011, l’armée américaine a équipé de SUV (Chevrolet Equinox) à hydrogène ses troupes stationnées à Hawaï. Sur cette île du Pacifique, l’approvisionnement en pétrole coûte cher, et une compagnie locale produit de l'hydrogène synthétique. La compagnie General Motors a donc été sollicitée pour développer un réseau d’approvisionnement en gaz d’hydrogène sur l’île d’Hawaï dans le cadre du projet Hawai Hydrogen Initiative lancé par l'US Army. Signe que la technologie arrive presque à maturité, 2012 fut l'année de la première voiture à hydrogène  immatriculée en France : il s’agissait d’une F-City H2 construite par FAM Automobiles. De l’armée au civil, l’automobile change sous nos yeux.
 
Le L-CAT, couteau suisse de la marine française
 
En France, une entreprise de taille intermédiaire spécialisée dans l’innovation industrielle, CNIM, a développé un nouveau concept de navire très pratique pour « beacher » (selon les termes employés par les militaires), c’est-à-dire s’approcher d’une plage pour débarquer du matériel : le L-Cat (Landing Catamaran). Si, au départ, le projet est exclusivement militaire, en proposant un navire de débarquement particulièrement pratique, on peut aussi imaginer que dans quelques années ce type de bateau sera utilisé couramment en logistique civile. Ce navire est le fruit d’un savoir-faire séculaire et d’une capacité d’innovation hors norme de la part des Chantiers Industriels de la Méditerranée (CNIM signifiait, au départ, « Chantiers Navals et Industriel de la Méditerranée »). L’entreprise a en effet été capable de financer seule toute la R&D d’un projet industriel coûteux sans avoir la certitude de vendre le bateau une fois construit. Dans une conjoncture où la France manque d’industries innovantes, c’est suffisamment rare pour mériter d’être souligné. Mais revenons à notre propos sur le L-Cat. La particularité de celui-ci est sa souplesse centrale autour de deux gigantesques flotteurs. Le navire se présente comme « un catamaran qui se transforme en navire à fond plat en déplaçant sa plateforme en position basse ». Aussi rapide et maniable qu’un catamaran, il rend possible le débarquement d’hommes ou de matériel sur une surface côtière, et ce « en l’absence d’infrastructure portuaire ». Véritable couteau suisse de la marine, il s’agit d’un navire au profil unique, pouvant servir de support logistique, de vecteur de projection ou encore de navire autonome.
 
Le X4, une révolution aéronautique
 
Dans les airs également, la révolution technologique va bon train. En novembre 2011, le fer de lance de l’industrie de défense européenne EADS (mais aussi largement française, cocorico !) présentait son nouvel hélicoptère : le X4. L'aéronef condense 4 tonnes de technologie de pointe. Il est le fruit de 143 millions d’euros d’investissement avancés par l’État français. Censé entrer en service en 2017, il remplacera alors ses prédécesseurs de type Dauphin.
 
Lutz Bertling, PDG d’Eurocopter, a placé beaucoup d’ambition dans le X4. Il compte en faire un hélicoptère « plus innovant que l’A320 en son temps ». La première mission du X4 n’est donc rien de moins que de faire de l’hélicoptère un moyen de transport accessible au grand public. Ainsi, le X4 sera le premier hélicoptère civil à être équipé de commandes électriques pour assister les pilotes. Il sera également plus économe en carburants, en maintenance et donc capable de réduire « jusqu’à 30 %» les coûts d’utilisation. Le X4 sera également 30 à 50 % plus silencieux grâce à de nouvelles pales conçues à cet effet.
 
Le Black Hornet, ou les yeux et les oreilles de l’armée britannique
 
Mais en matière de prouesse aérienne, la palme revient assurément à Prox Dynamics. Ce constructeur norvégien d’équipements fournit l’armée britannique en drones-espions. Ses appareils, baptisés PD-100 Black Hornet, tiennent dans la paume de la main et pourraient presque passer pour un simple jouet. Il s’agit en fait d’un hélicoptère miniaturisé, télécommandé, déployable en moins d’une minute, en milieu ouvert comme à l’intérieur d’un bâtiment.
 
Le PD-100 Black Hornet est d’ores et déjà utilisé par l’armée britannique en Afghanistan. L’appareil a facilement prouvé son utilité sur ce terrain très particulier où la discrétion, l’observation et la prise d’informations sont un défi quotidien pour les troupes au sol. « Nous l’utilisons pour localiser les points de tir des insurgés, et contrôler les zones de passage exposées avant de les emprunter, c’est un réel atout », explique le Sergent Christopher Petherbridge. Les applications civiles d’un telle technologie vont de la surveillance des ouvrages d’art, lignes à haute tension ou zones cultivées jusqu’aux missions de surveillance civile et maritime (pollutions, catastrophes naturelles, sécurité,…).
 
Ces différentes innovations montrent que l’industrie de défense ne sert pas uniquement à faire des armes pour faire la guerre. Non, son rôle social est plus large car les innovations permettent aussi d’irriguer notre vie quotidienne et notre économie. Rappelons-nous que tous les jours nous utilisons des technologies au départ développées pour des militaires comme Arpanet devenu Internet ! Peut être que notre ministre du redressement productif devrait davantage tourner son regard vers l’industrie de défense française qui a longtemps été un fleuron de notre économie avant de largement décliner. C’est probablement un secteur pourvoyeur d’emplois et surtout d’innovations de rupture véritable carburant de nos économies modernes.