Les Organisations




24 Avril 2015

La définition la plus répandue de l'économie collaborative est une nouvelle forme de production de la valeur qui s'appuie sur une organisation du travail sensiblement rénovée. Devant l'ampleur de ce mouvement, certains y voient une nouvelle révolution industrielle et une nouvelle forme de capitalisme.


Le potentiel de l'économie collaborative
Michel Bawens, théoricien belge et spécialiste du peer-to-peer est de ceux qui voient dans l'économie collaborative l'avènement d'une rupture totale avec le capitalisme tel qu'on l'a toujours connu. Dans un article paru récemment, Le Nouvel Economiste, résume sa pensée à propos de ce qu'il appelle "L’an I du capitalisme collaboratif ".
 
Pour Michel Bawens, la mouvance du peer-to-peer (pair-à-pair) que nous vivons actuellement est une rupture majeure et que nous n'en sommes qu'au début. Internet créé en effet des "dynamiques relationnelles" puisque 2 milliards d'individus peuvent déjà potentiellement s'organiser pour créer ensemble de la valeur. Ces expériences d'organisation collectives sont déjà à l'œuvre dans le secteur du logiciel libre mais la mutualisation n'est pas limité aux savoirs. Il gagne petit à petit les infrastructures physiques comme les fablab et les outils de production comme les imprimantes 3D, ce qui est une réelle nouveauté, celle du "matériel libre".
 
Cette économie du "fair use" contribuerait déjà à 1/6ème du PIB aux Etats-Unis. Les avantages de cette nouvelle organisation de l'économie qu'est le peer-to-peer sont au moins deux : “comme ce n’est plus l’entreprise qui innove mais la communauté, le biais de l’obsolescence planifié disparaît” et on assiste à un phénomène de durabilité de l'innovation, et “une entreprise isolée est beaucoup moins efficace qu’une communauté d’entrepreneurs innovants dans un réseau partagé”, l'innovation sera donc bien plus rapide, à l'image de ces entreprises qui se rapprochent des start-ups.
 
Plusieurs experts s'accordent à dire qu'aujourd'hui l'économie du partage s'étend à de nombreux secteurs d'activité et n'est pas une simple "bulle". Mais la question se pose sur comment ces nouveaux modèles, ces nouveaux produits et services vont-ils cohabiter avec l'économie traditionnelle.
 
Le point négatif soulevé par Michel Bauwens concerne le manque de ressources financières du fait qu'il n'y a pas de "capitalisme intéressé" : les produits sont fabriqués sans brevet et ne trouve pas forcément d'investisseurs. Il este donc à encourager le développement du capitalisme collaboratif.
 
A lire : “Sauver le monde, vers une économie post-capitaliste avec le peer-to-peer” / Michel Bauwens, Éditions les Liens qui libèrent 2015.