Les Stratégies




6 Décembre 2013

La frontière semble de plus en plus perméable entre YouTube et le petit écran. Les chaînes web font leur apparition et en sens inverse, la télévision se sert de la structure multimédia du web.


YouTube à la télévision
Bricoleur du Net

«Norman fait des vidéos ». Ca ne vous dit peut-être rien, mais Norman Thavaud est un de ces bricoleurs du Net qui a su se rendre incontournable pour créer des programmes en innovation de rupture. Cet acteur inconnu pour le moment sur le petit écran est une véritable star de la télé du web. Le site Golden Moustache qui est une plate-forme qui est également diffusée sur YouTube attire plus de 700 000 abonnés et plus de dix millions de séquences sont visionnées chaque mois. Norman Thavaud a été dépêché par Golden Moustache pour gagner encore davantage de followers.

Il s’agit sans aucun doute de marketing viral, car ce jeune acteur né en 1987 a connu une ascension fulgurante, à la vitesse du Net. Les chaînes généralistes s’en sont déjà emparées ! M6 est propriétaire de Golden Moustache (comprenez GM6 … Golden Moustache 6). Golden Moustache vient de souffler sa première bougie. Et pourtant, ce n’est pas un hochet que tient Norman Thavaud dans les mains.
Encore dernièrement des parodies de Star Wars avec des chaussettes ont rencontré un franc succès. Il faut tout de même savoir que le public qui regarde ces sites est avant tout jeune. Et c’est bien le pari des chaînes que de miser sur ce public qui n’est pas (ou plus) habitué à regarder la télévision.

Des artistes du web à la télévision

Autre personnage clef dans les videos télé du Net, Lorenzo Benedetti, qui a travaillé à la direction des programmes de France 5, et aussi avec Nagui et bien d’autres, a créé le studio Bagel à l’automne 2012. Avec Bagel, disponible sur la plateforme YouTube, la webTV devient « coloc de l’humour, une sorte de Friends pour youtubeurs français ». Le succès est énorme, avec des icônes comme Mister V avec presque deux milllions d’abonnés et Jérôme Niel dans sa « ferme Jérôme » avec 800 000 followers. YouTube permet à ces webstudios de garder leur indépendance et de croître sereinement sans se voir imposer quoi que ce soit, tant au niveau artistique que des lignes de communications.

L’entreprise de M. Benedetti ne cherche pas les financements pour sa croissance. Ils viennent très facilement à lui. C’est un luxe en cette période. Effectivement, la génération de publicité est telle avec ces sites lors des visionnages, que la manne est tout à fait opportune pour tout bon financeur. Et dernièrement, Canal+ s’est intéressé au cas Bagel. Depuis la rentrée 2013, « le grand journal » et le « before » font appel aux studios Bagel. C’est une manière directe d’attirer un nouveau public devant le petit écran. Cette génération qualifiée de YY (double Y) est si difficile à percevoir et à capter que le jeu en vaut la chandelle pour la chaîne privée.

Et d’ailleurs, Canal+ ne s’arrête pas là puisqu’elle compte bien utiliser le « maker studios » américain qui gère des artistes de la toile et qui affiche plus de 250 millions d’abonnés. Les recettes seront sans doute au rendez-vous dès l’année prochaine avec une croissance à trois chiffres !