Les enseignes bancaires déploient à nouveau le tapis rouge aux PME. Indicateur probable de la fin de la crise, les emprunts destinés aux investissements vont à nouveau fleurir comme ce fut le cas de manière très épisodique fin 2009. Est-ce le traitement du vrai problème ?


Mission de séduction des banques auprès des PME
Quelle est la personne qui peut faire fléchir un chef d’entreprise ? A part son conjoint, ou de sa famille proche, il s’agit ni plus ni moins que du banquier. Cette profession a de quoi générer des cauchemars et des insomnies à tout patron. Près des trois quart des PME (Petites et Moyennes Entreprises) ont un besoin de financement urgent. Jusqu’à présent, les relations avec le conseiller professionnel de la banque
étaient tendues compte-tenu des conditions qui se durcissent pour la moindre facilité de caisse ou bien pire pour répondre par la positive en ce qui concerne un plan d’investissement.
Et pourtant, c’est encore aujourd’hui le conseiller bancaire qui serre les fesses, car de nombreuses enseignes ont depuis presque dix-huit mois entamé de réelles coupes sombres dans leurs effectifs, conséquences de restructurations lourdes pour les banquiers qui allient banque de détail et banque d’investissement. L’année dernière, les enseignes bancaires prévoyaient de se séparer de 8% de leurs salariés alors que des plans de départ ont déjà été menés en 2011. Ce fut le cas de la filiale du Crédit Agricole CACIB (Crédit Agricole Credit Investment Bank), ancienne banque Indo-Suez, qui a vu, certes de manière très douce fondre ses effectifs. Il s’agit d’une conséquence certaine d’un hold-up politique lié à la situation financière de l’Europe.

La politique française y est pour beaucoup notamment avec la création récente de la BPI (Banque Publique d’Investissement). La BPI « développe les affaires de l’entreprise en termes de conquête de marché, d’innovation ou de renforcement des capitaux propres ». Pour aider les entpreprises dans leur partie haut de bilan, les effets de la BPI s’observent dans les banques françaises qui ont mission de prêter aux PME. De vastes campagnes publicitaires accompagné e mailings personnalisés aux DAF et chef d’entreprises ont fleuri ces dernières semaines. C’est sans doute une très bonne chose pour le développement à long terme.

Or, le problème traité semble hors sujet compte-tenu de l’actualité. La majorité des PME ont un problème existentiel : finir la fin du mois. La priorité de tout entrepreneur s’avère de payer ses salariés à chaque fin de mois, ensuite de payer ses traites. Tout comptable l’affirmera, une Société qui est morte est une structure dont la trésorerie est négative.
Et le banquier reste ferme sur le sujet : pas de comptes courants déficitaires. Les problèmes financiers à court terme peuvent émerger très vite. Certaines PMI ont décidé de vendre leurs machines sur le papier pour générer du cash et les louer auprès d’un spécialiste auprès duquel le deal aura été effectué.

Il n’y a pas méprise mais bel et bien une incompréhension entre la politique long terme et court terme. Comment investir, si la trésorerie n’est pas positive ? La BPI semble dicter ses vœux aux banques. Et les PME ne pourront pas en bénéficier puisque les produits créées ne sont pas adaptés. On ne prête qu’aux riches, et pourtant, les enseignes bancaires s’appauvrissent car si cela continue, ce secteur continuera de dégraisser.