Les coûts salariaux explosent en Chine, et faute de rentabilité suffisante, l’atelier du monde devrait être dépecé en partie au profit de l’Afrique. Les entrepreneurs français ont pris très au sérieux cette migration potentielle qui représente une véritable manne. La rencontre annuelle des plus grands hommes d’affaires Africains qui aura lieu en décembre à Paris sera intitulée « Afrique France Chine : vers quelles innovations partenariales ? ». Cerise sur le gâteau, l’Afrique sera au même moment à l’honneur à l’Elysée dans le cadre du sommet « Afrique France »


L’Europe tentée de relocaliser sa production chinoise en Afrique
La délocalisation chinoise a déjà commencé pour les industries européennes, puisque le groupe suédois fabricant et distributeur de mode H&M qui a jusque-là concentré 80% de sa production en Asie a décidé d’implanter ses productions en Ethiopie. Les fournisseurs locaux de ce pays africain ont été identifiés et validés. Une première série de petites commandes a été réalisée avant de s’engager définitivement. Et H&M a décidé de faire sortir de terre des usines. Elles seront construites théoriquement début 2014. H&M avait envisagé en premier lieu une installation au Bengladesh ou au Vietnam où le salaire mensuel se situe sous la barre des 30 euros. Mais incontestablement le prix de revient avec une production Ethiopienne a permis très vite d’abandonner cette possibilité. Le salaire moyen en Ethiopie tourne autour de 25 euros.

La colonisation italienne de 1935 en Ethiopie a permis au pays des compétences reconnues dans le textile, la tannerie et toutes les autres applications : chaussures, cuirs,… Ce pays serait donc le nouvel eldorado du textile. Bien plus encore : l’Afrique s’avère un marché potentiel de forte croissance. Il s’agit donc d’un moyen de localiser des productions au plus près des marchés porteurs.

De plus, l’Afrique possède un autre avantage sur l’Asie : ses proximités avec l’Europe. Non seulement il est plus simple de communiquer, soit en français, soit en anglais, mais le continent est bien situé aux portes de l’Europe, tel Gibraltar à 30mn de bateau de l’extrême nord africain. Les boucles logistiques sont plus courtes et les transports moins s’avèrent coûteux.
Les délocalisations de services notamment sont très importantes, non seulement l’assistance ou le marketing téléphonique, mais des services plus évolués, comme la téléphonie mobile. Le continent africain souffre de la raréfaction de centres industriels. Néanmoins, si l’équation économique montre une excellente rentabilité, l’industriel ne va pas hésiter à investir très vite pour construire des bassins industriels flambant neufs.

Depuis 2011, 25% des délocalisations concernaient le transfert d’un pays en voie de développement vers un autre. Etendre sa production sur plusieurs continents est un des stratégies d’amélioration de la performance, car ces continents représentent également des futurs consommateurs à conquérir. En 2013, plus de la moitié des délocalisations françaises se sont effectués en Europe (source Insee). L’Afrique est en seconde position avec presque un quart des délocalisations. L’Inde et la Chine représentent chacun 18% des délocalisations françaises. Il est possible qu’après la Chine et l’Afrique, les productions reviennent à terme en France.