La Société des Forges et chantiers de la Méditerranée (FCM), fondée en 1856, allait devenir 110 ans plus tard la société des Constructions Navales et Industrielle de la Méditerranée (CNIM). Un changement de nom emblématique des mutations que l’entreprise a vécu au cours de son histoire pour coller aux mutations économiques et technologiques de son environnement. Focus sur un caméléon industriel devenu champion de la diversification dans la cohérence.


(Source : CNIM)
(Source : CNIM)
Tropisme industriel sous haute tension historique

La centrale à concentration solaire domine la rade de Toulon, berceau historique de d’une société qui a à cœur de s’adapter aux évolutions économiques, politiques et environnementales. Cette centrale représente un aboutissement pour une entreprise imaginative qui, depuis plus d’un siècle et demi, a su identifier et valoriser les atouts situés à portée de main. Mais au contraire de sa centrale, CNIM n’a pas opté pour la concentration, mais pour la diversification. Les premières réalisations notables de CNIM sont baignées par les grands chantiers du moment.  Des paquebots aux frégates, en passant par le premier sous-marin français, nombre de fleurons des marines militaires et marchandes mouillent pour la première fois dans les eaux de la Seyne sur Mer.

Le premier conflit mondial offre une opportunité industrielle majeure et oriente l’activité de l’entreprise vers la construction de chars, activité que le groupe poursuivra jusqu’au second. Après ces conflits, le caméléon CNIM change de « couleur », et se met en ordre de bataille pour répondre rapidement au vœu d’autonomie énergétique et militaire formulé par le Général de Gaulle. Avec la création du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique), CNIM saisit une nouvelle opportunité technologique, qui allie son expertise en chaudronnerie et l’acquisition de savoir-faire nouveaux en génie thermique et en génie des matériaux composites. Cette opportunité de diversification permettra de mettre au point les premiers Tubes lance-missiles (TLM) M1E pour Sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, de classe Redoutable.

Coller aux évolutions énergétiques et technologiques

Les chocs pétroliers créent un boulevard vers la diversification énergétique. Elle se déroulera méthodiquement avec comme cœur de métier la métallurgie et les technologies des chaudières. Depuis la reprise par la famille Herlicq, jusqu’aux Dmitrieff à partir de 1966, les dirigeants se sont mobilisés pour exploiter au maximum ce cœur de métier et favoriser l’innovation industrielle. Forte d’un département R&D comptant plusieurs centaines d’ingénieurs, et suite au rachat de Babcock Wanson, CNIM s’impose en quelques années comme un acteur majeur des solutions techniques énergétiques pour les entreprises et les territoires : production d’électricité, de vapeur industrielle, d’énergie de chauffage…

Mais soucieuse de conserver un portefeuille d’activités diversifiées, l’entreprise s’intéresse de plus en plus aux technologies environnementales, dans un contexte de prise en compte croissante des enjeux écologiques. Cela se concrétise tout d’abord par le rachat en 2001 de LAB SA, spécialiste du retraitement des fumées. Un an plus tard c’est au tour de la division retraitement des déchets d’Alstom d’intégrer le giron de CNIM. En 2008, pariant sur la croissance de la demande en électronique industrielle, CNIM fait l’acquisition de Bertin Technologies, s’ouvrant ainsi des opportunités nouvelles dans plusieurs domaines, dont la pharmaceutique, les nouveaux matériaux, la robotique, les biomatériaux, l’aérodynamisme…

Illustration de ces compétences nouvelles, le projet WindKeeper conçu par CNIM, témoigne de ces transformations internes ; il est l’aboutissement de plusieurs années de développement. Beaucoup de savoir-faire nouveaux ont dû être maitrisés par les ingénieurs de CNIM pour porter à maturation un tel projet de navire.

Une ETI qui fonce

Elue ETI de l’année en 2012, le caméléon CNIM a tiré profit des opportunités qui se sont offertes. Elles ont rythmé sa croissance constante, facilitées par ses capacités d’adaptation et de transformation. Dans cette configuration, CNIM fait partie des entreprises « qui renouvèlent l’industrie au service de l’environnement parce qu’elles auront anticipé les évolutions et seront en meilleure position dans la compétition économique mondiale ».
Comme l’affirme son Président Nicolas Dmitrieff, « nous sommes étonnamment dans l’air du temps, les politiques parlent beaucoup de réindustrialisation très innovante, et nous avons tous ces gènes ». C’est une posture fondamentale pour des dirigeants aux ambitions très fortes pour le groupe. Et la création de valeur est bien là pour ce caméléon poïkilotherme qui pilote sa stratégie en fonction des opportunités industrielles et technologiques. La volonté de produire différemment, « consommer mieux et moins », c’est ce qui fait encore aujourd’hui changer de couleur le caméléon CNIM.